Accueil » Informations techniques et expérimentations » Expérimentations en apiculture » Lutte biologique contre le Cynips du châtaigner
Le miel de châtaignier est un miel de caractère, au goût marqué, très réputé dans le milieu apicole. Cependant, la qualité de sa production semble altérée par un ravageur très connu dans le milieu des castanéiculteurs : le cynips du châtaignier (Dryocosmus kuriphilus). Ce ravageur venu de Chine forme des galles qui ralentissent le développement de l’arbre et entraînent une perte de vitalité, voir la mort de certains rameaux.
Pour faire face à cette menace, l’INRA a décidé de développer une lutte biologique contre ce ravageur, en important de Chine son prédateur naturel : le Torymus sinensis. Ce dernier est un parasitoïde spécifique du Cynips. Les premiers lâchers ont eu lieu en 2014 ; En 2015, l’ADA Occitanie (anciennement ADAM) s’engage à son tour dans la lutte et la coordination de ces lâchers. Au total, plus de 500 lâchers se sont déroulés en Occitanie.
En 2018, l’ADA Occitanie s’interroge sur le bilan de cette lutte biologique ? Thorymus a-t-il étendu son aire de répartition ? Qu’en est-il de sa densité de population ?
Les sites de suivis ont été choisis par rapport à l’implantation de ruchers et proches des zones de lâchers. 41 sites ont ainsi été sélectionnés, et les apiculteurs sollicités pour la collectes de galles.
En hivers : évaluation de l’implantation de T.sinensis
Sur chaque site, les techniciens passaient entre 45 minutes et 1 heure à collecter des galles sèches et fermées. Un premier tri étaient effectué sur site puis un second, plus détaillé, afin d’éliminer toute la matière organique non-désirée (feuille, branches… Voir photographie).
Les galles étaient ensuite placées dans des boites, sur lesquelles étaient greffées deux tubes (Voir photographie) contenant une goutte de miel. La température à l’intérieur des boites étaient maintenue à un niveau supérieur à la moyenne de saison, afin d’accélérer l’éclosion des Torymus. Une fois émergés, ces derniers étaient guidés par la lumière (phototropisme positif) et l’odeur du miel dans le tube. Puis ils étaient collectés pour identification en laboratoire.
Au total, 3000 galles ont été portées à l’émergence.
En juin : évaluation de l’infestation par le cynips
Il s’agit ici de mesurer le taux d’infestation du Cynips sur les rameaux de châtaigniers. Pour cela, sur chacun des 41 sites, un protocole établi par l’INRA a été mis en place. Il s’agissait de prélever au hasard, dix rameaux de dix arbres différents. Sur chacun des rameaux étaient comptabilisés le nombre de bourgeons total et le nombre de bourgeons galleux. Le nombre total de galles sur chaque rameau était aussi compté.
Un suivi des émergences de galles vertes a également été mis en place afin de faire un comptage des émergences de cynips et les comparer à celles de T. sinensis.
Pour cela les galles vertes ont été nettoyées et mises dans les boites d’archives utilisées précédemment pour les émergences de T. sinensis. Les boites étaient stockées à l’extérieur, abritées du vent et de la pluie.
Grâce au soutien de l’INRA, les insectes ont pu être identifiés à l’espèce. Egalement, la distinction entre mâles et femelles a pu être intégrée à nos données.
Résultats généraux :
96% des émergences sont des T.sinensis, ce qui indique une très bonne implantation du parasitoïde sur le territoire. Ce chiffre dépasse largement ceux obtenus lors de lâchers similaires en Corse, preuve à nouveau du bon établissement du parasitoïde sur le territoire.
Emergences :
Les mâles sont les premiers à émerger sur les quatre premiers jours, suivis des femelles. Cependant, les périodes d’émergences différaient selon les boîtes, attestant d’un décalage des pontes en fonction des conditions environnementales locales (températures, humidité, ensoleillement…) dans lesquelles étaient prélevées les galles.
Le nombre de T.sinensis émergé par galle varie aussi en fonction des secteurs géographiques. Les taux d’émergences les plus élevés étant dans le Tarn et en Aveyron ; De bons résultats sont aussi observés en Ariège. On note une grande variabilité des taux d’émergence au sein d’un même département, allant de 0.3 à 2.2 (ratio entre le nombre de galles et le nombre de T.sinensis émergés )
La présence de T.sinensis a été relevée dans tous les sites échantillonnés.
L’indice d’infestation est une mesure qui permet d’évaluer l’implantation du cynips. Cet indice correspond au nombre de galles par bourgeons. Ils varient de 0.1 à 1.6 selon les localités. Malgré une forte variabilité des indices dinfestation, le Cynips est présent dans toutes les localités échantillonnées.
Le nombre de bourgeons galleux sur le nombre total de bourgeon nous a aussi permis d’évaluer la sensibilité des variétés prélevées. Par définition, une essence est considérée comme sensible si le pourcentage obtenu est supérieur à 50%. C’est le cas des espèces échantillonnées dans le Gers.
Concernant les galles vertes prélevées en juin, elles ont séché et n’ont pas pu donner lieu à des émergences. Des larves, non identifiées, ainsi que des cynips ont tout de même été retrouvés morts dans les loges des galles prélevées.
Synthèse lutte biologique contre le Cynips du châtaignier
N’hésitez pas à contacter nos référents ADA Occitanie pour ce projet : David Castex.
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