Conditions pédoclimatiques, ressources florales, objectifs de production : à une diversité de contextes correspond une diversité de pratiques apicoles, selon les exploitations mais aussi selon les années. Parmi elles, le renouvellement du cheptel et de reines représente un temps de travail important ayant des conséquences directes sur la durabilité des exploitations. En effet, les choix possibles des techniques utilisées et leur modalité d’application jouent sur les performances (adaptation de la génétique à l’environnement du rucher et qualité de la production) et l’état sanitaire (diffusion et résistance aux pathologies) des colonies.
Afin de mieux connaître ces pratiques apicoles et leur impact sur la durabilité de l’exploitation, notamment en termes d’organisation et de temps de travail, l’ITSAP Institut de l’abeille, en partenariat avec le GPGR, l’INRA, l’IDELE et le réseau des ADA (dont l’ADA Occitanie) a décidé de mener deux actions de front :
© Eric Merigot
Déroulé de l’enquête :
Afin de regrouper un grand nombre de représentants de la filière apicole et ainsi assurer une meilleure diversité des points de vue, plusieurs acteurs ont été mobilisés pour définir le terme durabilité et pour élaborer l’enquête : des apiculteurs professionnels, des représentants de syndicats apicoles et des acteurs du développement, de la recherche, de l’enseignement et du sanitaire.
Cinquante-six enquêtes ont été réalisées en présentiel. Sur la base de ces entretiens, un questionnaire en ligne a été publié et a recueilli 348 réponses de la France entière (le sud de la France étant particulièrement représenté).
1°) Renouvellement des reines dans les colonies
L’objectif de ce protocole est de comparer deux techniques de renouvellement de cheptel d’un point de vue technique, sanitaire et sociale (temps et organisation de travail). 12O colonies sont mobilisées sur ce projet : la moitié est remérée artificiellement tous les ans par introduction de reines ou de cellules issues d’élevage (modalité contrôlée) ; l’autre moitié est laissée en remérage naturel (modalité dite extensive). Dans cette expérimentation, la génétique a également été prise en compte avec 30 colonies d’une souche dite « contrôlé » et 30 colonies d’une souche dite « extensif » par modalité de gestion.
2°) Environnement de fécondation des reines et importance des ruches à mâles
Cette expérimentation nourrissait deux objectifs : a- Déterminer si la distance et l’orientation des ruches à mâles influence la qualité et le taux de fécondation des reines. b- Déterminer si les mâles fécondant les reines proviennent bien des ruches à mâles ou d’autres colonies non sélectionnées.
Des ruchettes de fécondation avec des reines vierges ont été disposées à des distances variable d’un rucher à mâles (lui même composé de 5 ruches à mâles). Afin de suivre la provenance des reproducteurs ayant fécondé les reines, les colonies à mâles sélectionnées proviennent de rucher de production de gelée royale : en effet, leur génétique se distingue aisément via des marqueurs moléculaires.
3°) Origine des reines utilisées
Des reines dites « exotiques » ont été achetées (une des origines les plus vendues en France) et comparées à des reines sélectionnées localement. L’objectif est de comparer un système d’exploitation achetant des reines dans le commerce sans autres critères que la disponibilité et le prix, aux systèmes se basant sur un travail de sélection local (au sein de l’exploitation ou non).
Conclusion : L’adéquation entre les pratiques mises en œuvre et la génétique utilisée apparaît donc cruciale. Cela souligne l’intérêt de prendre conjointement en compte différents éléments du système apicole.
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